~ Mémo-Histoire ~

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60 - Le contexte -

Les "Guerres de Vendée" désignent la guerre civile qui oppose à 3 reprises dans l'Ouest de la France, lors de la Révolution française, les Républicains, "les Bleus", aux Royalistes, "les Blancs), de 1793 à 1795, de 1795 à 1796, puis de 1799 à 1800, avec d'ultimes révoltes en 1815 & 1832.

Elles sont étroitement liées à la "Chouannerie", qui se déroule aussi dans l'Ouest, en Bretagne, dans le Maine, l'Anjou & la Normandie, l'ensemble de ces deux conflits étant également parfois désigné sous le nom de "Guerres de l'Ouest".

Le terrain de la Chouannerie est la rive droite de la Loire, tandis que celui du soulèvement vendéen concerne principalement la rive gauche, l'expression "Vendée militaire" désignant d'ailleurs le territoire insurgé au sud du fleuve couvrant totalement ou en partie les départements actuels de la Vendée, des Deux-Sèvres, du Maine-et-Loire & de la Loire-Atlantique.

Le 12 juillet 1790, l'Assemblée constituante vote la Constitution Civile du Clergé, décret signé par le roi le 26 décembre 1790, qui prévoit que les prêtres fonctionnarisés, comme tout fonctionnaire, prêtent serment à la Constitution ce que refuse toute une partie du clergé, qui considère les prêtres jureurs comme déviant de la voie catholique. Inquiets pour leur salut, de nombreux paysans préfèrent continuer à s'adresser aux prêtres réfractaires, ce qui contribue à diviser profondément les Vendéens entre partisans et adversaires de la mesure et à développer un certain mécontentement parmi les communautés paysannes qui par ailleurs ne perçoivent pas d'amélioration de leur situation depuis la Révolution, pourtant plutôt favorablement accueillie, la paysannerie de Bretagne, du Maine, de l'Anjou & du Bas-Poitou ayant manifesté son hostilité à l'égard des survivances du système féodal, comme en témoignent leurs cahiers de doléance. Dans des campagnes fraîchement et relativement converties de l'Ouest, le clergé est devenu majoritairement réfractaire, conforté en ce sens par les "brefs pontificaux" de 1791 condamnant la Constitution Civile du Clergé. En mai 1791, l'Assemblée Constituante prend alors un décret sur la liberté des cultes, autorisant le culte réfractaire, mais cette tolérance ne satisfait aucun camp et les positions se durcissent. L'application de la Constitution Civile du Clergé à partir de juillet 1791 provoque une multitude d'actes de résistance parmi la population qui recourt de plus en plus à la violence physique.

Devant une telle situation, l'Assemblée Législative prend en novembre 1791 puis le 27 mai 1792 des décrets répressifs contre le clergé réfractaire, dont le culte est interdit, tout prêtre réfractaire étant déporté hors du territoire français sur la simple demande de 20 citoyens. À la veille du 10 août 1792, lorsque l'Assemblée supprime les dernières congrégations existantes, une bonne partie des religieux est emprisonnée. Contraints de se cacher afin de se soustraire à la déportation au bagne en Guyane, les prêtres non jureurs sont protégés par des femmes qui participent à des messes clandestines. Malgré ces mesures, le nouveau clergé constitutionnel n'arrive pas à s'imposer dans une large partie de la région, plus de 65 % du clergé refusant de prêter serment dans l'Ouest, contre 48 % au niveau national.

La religion des paysans de l'Ouest, comme en bien d'autres endroits, est une religion propitiatoire {visant à assurer l'abondance des récoltes, la fécondité du bétail, la réalisation d'un mariage, la naissance d'un enfant, la guérison d'une maladie, ...}, qui organise le calendrier et le paysage, avec un appel aux saints spécialisés, à leurs chapelles, avec des rites particuliers. En outre, la carrière ecclésiastique représente un moyen de promotion sociale pour bien des familles paysannes, un moyen que menace l'exclusion des prêtres réfractaires.

Enfin, signe que l'attachement à l'Ancien Régime & à la royauté n'est pas le facteur déclencheur des premières émeutes, nulle manifestation n'est constatée lors de l'émigration des nobles ou lorsque Louis XVI est guillotiné le 21 janvier 1793.

En revanche, si comme partout en France la Vendée connaît des manifestations paysannes entre 1789 et 1792, c'est à la suite du décret du 23 février 1793 par lequel la Convention décide la levée en masse par tirage au sort de 300 000 hommes âgés de 25 à 30 ans, que se déclenche l'insurrection vendéenne, d'abord comme une jacquerie paysanne classique, avant de prendre la forme d'un mouvement contre-révolutionnaire.

Cette révolte comprend plusieurs épisodes, avec une brève période de paix au printemps 1795, qui s'achèvent au début de l'année 1796 sur le bilan tragique de plus de 200 000 morts avec des destructions matérielles & immobilière irréversibles, pour reprendre ensuite de 1799 à 1800 et s'éteindre enfin après les ultimes révoltes de 1815 & 1832.



09/03/2017