~ Mémo-Histoire ~

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62 - Les premiers affrontements -

C'est à Cholet, le dimanche 3 mars 1793, que débutent les émeutes, des jeunes gens manifestant leur refus de la conscription. Le pays de Retz se soulève massivement et le 11 mars 1793 des milliers de protestataires prennent Saint-Philbert-de-Grand-Lieu qui se rend sans combattre, avant de marcher sur Machecoul qui est prise d'assaut. Les insurgés mettent en place un comité présidé par René Souchu qui, de mars à avril, fait fusiller 150 à 200 patriotes. Le 12 mars 1793, l'insurrection se propage, 600 paysans rassemblés à Saint-Florent-le-Vieil pour s'opposer au tirage au sort, mettent en fuite la garde nationale de la ville. Ce même jour, la garde nationale tire sur les manifestants pour dégager les abords de Paimbœuf menacé par des paysans, et Danguy, le noble qui les conduit, est capturé et guillotiné à Nantes.

Le lendemain 13 mars 1793, des insurgés vont chercher le marquis de Bonchamps au château de La Baronnière à La Chapelle-Saint-Florent pour le placer à la tête du mouvement et organiser la troupe. Sous son commandement, ils mettent en fuite la garnison de Montjean-sur-Loire.

Cultivateur et colporteur au Pin-en-Mauges, Cathelineau rassemble quelques voisins, fait sonner le tocsin, demande au prêtre réfractaire de bénir sa petite troupe, abat le drapeau tricolore qui flotte sur l'église et court rejoindre le gros des insurgés. Le 14 mars 1793, il s'empare de Jallais puis marche en direction de Chemillé, rejoint en chemin par les paysans des environs de Maulévrier, menés par Jean-Nicolas Stofflet, ancien caporal et garde-chasse d'un château à Maulévrier, qui se sont rendu maîtres de Vezins. Le 14 mars Chemillé tombe, ses défenseurs faits prisonniers, les révoltés s'emparant de plusieurs canons, et dans les jours qui suivent les insurgés prennent le contrôle des paroisses rurales dont les administrateurs et républicains locaux sont tués, faits prisonniers, ou contraints de fuir.

Le 14 mars 1793, les insurgés attaquent Cholet, ville d'environ 7 000 habitants, gardée par 500 gardes nationaux, 80 cavaliers et une dizaine de canons. Encerclée par les insurgés, la ville est prise. C'est la première bataille de Cholet.

Si sur l'autre rive de la Loire les gardes nationaux l’emportent encore, dans le département de la Vendée les insurgés chassent la garde nationale de Palluau entre le 12 et le 14 mars et s'emparent du Marais breton. Dans le Bocage, la plupart des villes sont envahies et La Roche-sur-Yon, Tiffauges, Mortagne-sur-Sèvre & Clisson sont prises sans opposer de résistance, suivies de Montaigu après un court combat.

Après avoir pris position aux Quatre-Chemins, carrefour des routes de Nantes à La Rochelle et des Sables-d'Olonne à Saumur, le 14 mars 1793, les insurgés surprennent dans une embuscade la garde nationale de Fontenay-le-Comte qui prend la fuite sans combattre.

Les Républicains tentent de reprendre l'avantage. Sous les ordres du général Marcé, chargé par la Convention de mater la rébellion, une colonne de soldats & cavaliers cherche à traverser la zone insurgée de La Rochelle à Nantes. Le 17 mars 1793, à Chantonnay, la colonne met en fuite les paysans, mais le soir du 19 mars, alors qu'elle s'apprête à bivouaquer dans un fond de vallée du Bocage au Pont-Charrault, elle est prise dans une fusillade et fuit vers La Rochelle qu'elle rejoint en une nuit. À son arrivée, Marcé est destitué et arrêté.

La région bascule alors d'un affrontement limité dans la guerre civile.

Les jours suivants, 35 000 hommes se réunissent à Chemillé pour tenter de s'organiser en une véritable armée Bonchamps les ayant rejoint le 21 mars 1793, ainsi que plusieurs nobles, souvent d'anciens officiers comme Charette, d'Elbée, Lescure, La Rochejaquelein. Issus de la petite noblesse ils ne se sont pas imposés de leur propre initiative à ces bandes de villageois. D’une foi religieuse généralement peu intense, ayant pu conserver tous leurs biens depuis 1789, et s'étant même matériellement enrichis par l'achat important de biens nationaux, ils ne se sentent pas spontanément responsables de ces bandes insurgées et ce n'est que plus tard qu'ils vont récupérer la colère populaire pour lui donner une coloration catholique et royaliste.

La mission de la nouvelle armée est de s'emparer de Chalonnes, puis d'Angers dans laquelle, vu son intérêt stratégique, les Républicains ont concentré 4 000 hommes & 5 canons. Le 22 mars 1793, les municipaux de Chalonnes et les habitants se rendent aux Blancs et les gardes nationaux se replient vers Angers en jetant leurs canons dans la Loire. Alors qu'Angers s'attend à un assaut imminent, l'armée se dissout et les combattants rentrent dans leurs foyers.

Le 23 mars 1793, menés par La Roche Saint-André, les Paydrets {habitants du Pays de Retz} envahissent Pornic avant d'en être chassés quelques heures plus tard par une contre-attaque des gardes nationaux. C'est la première bataille de Pornic. Le 27 mars, menés cette fois-ci par Charette, ils prennent leur revanche et reprennent la ville, en partie incendiée. C'est la deuxième bataille de Pornic. En revanche, les 24 & 27 mars, sous les ordres de Jean-Baptiste Joly, un ancien sergent de l'armée royale, les insurgés échouent par deux fois dans leur tentative de s'emparer des Sables d'Olonne.

La capacité offensive des forces républicaines a été anéantie alors que les gros attroupements des jours précédents se développent encore sous le commandement d'une poignée de nobles comme Royrand & Sapinaud.



10/03/2017