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69 - L'Armée de Mayence -

Devant les succès des contre-révolutionnaires et par crainte de contagion, le général Biron est destitué puis, dans les semaines suivantes, les généraux nobles Canclaux, Grouchyn & Aubert-Dubayet, sont progressivement remplacés, à l'initiative du ministre de la guerre Bouchotte, par des sans-culottes, Rossignol, Ronsin & Léchelle, anciens militaires, mais aussi par le comédien du Théâtre-Français Grammont, ou le brasseur Santerre, qui se révèlent être de médiocres généraux, à la tête d'une armée composite, mal équipée, condamnée au pillage pour survivre, donc détestée par les populations.

Les Mayençais {du nom des militaires de la garnison de Mayence, défaite le 23 juillet 1793 par les armées de la Première Coalition} sont envoyés en renfort le 1° août 1793. Arrivant à Nantes du 6 au 8 septembre, cette troupe disciplinée, menée par les généraux Aubert-Dubayer, Kléber, Vimeux, Beaupuy & Haxo, est placée sous les ordres du général Canclaux, encore chef de l'Armée des Côtes de Brest jusqu'au 1° octobre 1793, le Comité de Salut Public envoyant également auprès de l'Armée de l'Ouest le conventionnel Jean-Baptiste Carrier, pour faire cesser la révolte par les moyens les plus extrêmes.

De leur côté, les généraux sans-culottes de Saumur & Angers tentent de faire lever en masse les habitants des territoires non-insurgés contre les rebelles. Ainsi, les opérations peuvent mêler ponctuellement des civils aux troupes régulières, comme le 13 septembre à Doué-la-Fontaine, où le tocsin rassemble 30 000 hommes contre les "brigands" vendéens, ou le 25 septembre 1793 à La Châtaigneraie.

Le 8 septembre 1793 les Mayençais entrent en Vendée, Kléber à la tête de l'avant-garde repoussant toutes les troupes rencontrées sur son passage : La Cathelinière est chassé de Port-Saint-Père, puis Machecoul & Legé sont prises sans combat. Charette quitte le Marais breton pour rejoindre l'Armée d'Anjou, poursuivi puis rejoint à Montaigu où il est mis en déroute le 16 septembre 1793. Exécutant les ordres de destruction qui leur ont été donnés, les Républicains incendient les bourgs et les villes qu'ils traversent.

Mais le 18 septembre 1793, les 2 000 hommes de Kléber se trouvent face à l'Armée d'Anjou menée par d'Elbée, Lescure et Bonchamps. Le 19 septembre, au terme de la bataille de Torfou, les Mayençais subissent leur première défaite et sont contraints de se replier sur Clisson. L'Armée des Côtes de La Rochelle, sous les ordres de Rossignol, est également défaite au cours des batailles de Coron, le 19 septembre, et du Pont-Barré, le 20 septembre, ruinant ainsi le plan de Canclaux qui est contraint de renoncer à une contre-attaque et doit replier ses troupes sur Clisson, puis sur Nantes, sans oublier d'incendier Clisson. Les Vendéens tentent de couper la retraite des Républicains, mais Lescure & Charette enfreignent ce plan pour attaquer Montaigu & Saint-Fulgent, les troupes républicaines de Beysser & Mieszkowski étant mises en déroute le 21 septembre à Montaigu & le 22 septembre à Saint-Fulgent. Ainsi privées de soutien, les forces de d'Elbée & Bonchamps, repoussées le 22 septembre à Clisson, ne peuvent contrarier la retraite des Républicains sur Nantes.

Après l'échec de son premier plan, Canclaux forme deux colonnes pour, partant de Nantes & de Niort, se rejoindre à Cholet. Cependant, comme indiqué supra, Canclaux est destitué par le Comité de Salut Public qui décrète également la fusion des Armées des Côtes de La Rochelle, de Mayence, et de la partie nantaise de l'Armée des Côtes de Brest, pour former l'Armée de l'Ouest, placée sous le commandement du général Léchelle. L'incompétence de ce dernier se révélant rapidement, les représentants en mission laissent officieusement la direction de la colonne nantaise au général Kléber.

Sortie de Nantes début octobre 1793, la colonne de l'Armée de Mayence & de Brest reprend Montaigu, Clisson & Saint-Fulgent, sans rencontrer de résistance, puis le 6 octobre bat les Vendéens de d'Elbée & Bonchamps aux Treize-Septiers. Partis du sud, les 11 000 hommes de la colonne de Chalbos & Westermannn, venant de Niort, battent les forces de Lescure, La Rochejaquelein & Stofflet et s'emparent de Châtillon le 9 octobre 1793 à l'issue de la bataille de Moulin-aux-Chèvres. Les Vendéens contre-attaquent le 11 octobre pour chasser les Républicains de leur "capitale", alors presque totalement détruite. De son côté, la petite colonne de Luçon du général républicain Bard met en fuite l'armée de Royrand qui se replie sur l'Anjou.

Toutes les forces vendéennes se réunissent dans les environs de Cholet, à l'exception des Armées du Marais qui continuent de combattre de leur côté. Sans se préoccuper de la Grande Armée, Charette prend l'île de Noirmoutier le 12 octobre ; alors que les 800 défenseurs se rendent, un quart d'entre eux est fusillé cinq jours plus tard à Bouin, sur ordre de Pajot, sous le prétexte d'une tentative d'évasion.

Les Armées vendéennes de l'Anjou, du Haut-Poitou & du Centre se rassemblent à Cholet qui est attaquée le 15 octobre par les Mayençais. Le général Lescure est grièvement blessé et les Vendéens, battus à La Trempblaye, évacuent la place et se replient sur Beaupréau. Les deux colonnes républicaines font leur jonction à Cholet et les forces rassemblées ainsi dans la ville sont de 26 000 hommes.

Le lendemain, les généraux vendéens décident de reprendre Cholet. De la Trémoille, prince de Talmont, traverse la Loire à la tête de 4 000 hommes et s'empare de Varades afin d'assurer à l'armée une retraite vers la Bretagne en cas de défaite.

Le 17 octobre, 40 000 Vendéens se lancent à l'attaque de Cholet. La bataille est longtemps indécise mais après plusieurs assauts qui finissent au corps à corps, les Vendéens reculent et regagnent Beaupréau puis Saint-Florent-le-Vieil, leurs généraux d'Elbée & Bonchamps étant grièvement blessés. Ils décident alors de traverser la Loire pour relancer la révolte en Bretagne & dans le Maine, et aider des renforts britanniques à débarquer sur les côtes de la Manche.



11/03/2017