~ Mémo-Histoire ~

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6A - La Virée de Galerne -

a/ La traversée de la Loire & la marche sur Granville.

Le 18 octobre 1793, La Rochejaquelein, le nouveau généralissime, fait traverser en une nuit la Loire à toutes ses troupes, soit 20 à 30 000 combattants accompagnés de 15 à 60 000 non-combattants, blessés, vieillards, femmes & enfants. C'est le début de la "Virée de Galerne" {francisation de gwalarn, nom du vent de noroît en breton}.

Durant cette opération, le général Bonchamps blessé, avant de mourir, parvient à empêcher le massacre de 5 000 prisonniers républicains que ses hommes voulaient fusiller.

Arrivés au nord du fleuve, les Vendéens font mouvement sur Laval, repoussant aisément les garnisons locales et les gardes nationaux hâtivement rassemblés par les autorités. Laval est prise le 22 octobre 1793, 6 000 Bretons et "Mainiots" rejoignant l'Armée Catholique & Royale. L'Armée de l'Ouest se lance à la poursuite des rebelles, à l'exception de la division du général Haxo restée en Vendée pour combattre les forces de Charette. Le 25 octobre, sans attendre les renforts, l'avant-garde républicaine commandée par Westermann attaque Laval, mais elle est mise en déroute à La Croix-Bataille. Le lendemain 26 octobre, le gros de l'armée républicaine avec ses 20 000 soldats passe à l'attaque, l'incompétence du général en chef Léchelle provoque un nouveau désastre face aux 25 000 hommes de La Rochejacquelein. Mise en déroute à Entrammes, elle s'enfuit en direction d'Angers après avoir perdu 4 000 hommes tués ou blessés & 19 canons, les Vendéens laissant 400 morts & 1 200 blessés.

Les Vendéens poursuivent leur route vers le nord. Le 2 novembre 1793, Mayenne est prise sans combats et une colonne républicaine est écrasée à Ernée. Le 3 novembre, Fougères est prise d'assaut alors que le général Lescure succombe à ses blessures.

L'état-major vendéen décide ensuite d'attaquer le port de Granville. En chemin les Vendéens prennent Dol-de-Bretagne, Pontorson & Avranches, quasiment sans combats. Le 14 novembre 1793, ils sont devant Granville, mais aucun navire britannique n'attend les insurgés et la ville se défend. Le 15 novembre, après deux jours de combats et de lourdes pertes, les Vendéens tentent de rejoindre Granville. Malgré une tentative sans lendemain sur Villedieu-les-Poêles, les soldats découragés refusent d'obéir à leurs chefs et décident de regagner la Vendée, laissant derrière eux 800 traînards fusillés à Avranches par les Républicains le 21 novembre 1793.

b/ Le retour vers la Vendée et l'anéantissement de la Grande Armée.

Les Républicains ont réorganisé leurs forces à Rennes et sur le chemin du retour les Vendéens trouvent face à eux 25 000 hommes commandés par le général Rossignol, successeur de Léchelle, destitué. Le 18 novembre 1793, les 4 000 hommes du général sans-culotte Tribout, partis trop en avant sont écrasés à Pontorson. Le 20 novembre, l'armée républicaine lance une attaque générale autour de Dol-de-Bretagne, Antrain & Pontorson qui au bout de trois jours se termine à l'avantage des Vendéens.

Mais la troupe vendéenne, composée pour moitié de blessés, de vieillards, de femmes & d'enfants, épuisée moralement, ravagée par la famine et les maladies qui font des milliers de victimes, ne peut remplacer ses pertes, contrairement aux Républicains qui reçoivent en renfort 6 000 hommes de l'Armée des Côtes de Cherbourg et 10 000 hommes de l'armée du Nord.

Le 23 novembre 1793, l'Armée Catholique & Royale réoccupe Fougères, puis Laval le 25, pour marcher sur Angers, dernière place forte avant la Vendée. Les insurgés assiègent la ville le 4 décembre mais ne parviennent pas à vaincre les 4 000 défenseurs. Mis en déroute par l'arrivée de renforts, La Rochejacquelein conduit alors sa troupe sur La Flèche, dont il s'empare le 8 décembre avant de repousser la contre-attaque de Westermann et faire mouvement sur Le Mans.

La ville est prise le 10 décembre 1793 après la bataille de Pontlieue mais, épuisés les Vendéens refusent de quitter les lieux pour prendre du repos. Le 13 décembre, ils sont attaqués par l'armée républicaine placée sous les ordres de Marceau & Kléber. La bataille dégénère en massacre des blessés, des femmes & des enfants, même si Marceau parvient à sauver plusieurs milliers de prisonniers. Les Vendéens laissent 10 à 15 000 morts au Mans et sur la route de Laval, contre quelques dizaines seulement pour les Républicains. Les survivants s'enfuient vers Laval, qu'ils traversent pour la troisième fois, dévorés par le typhus et la dysenterie, insultés par la population excédée.

Le 16 décembre 1793, ils atteignent les bords de la Loire à Ancenis. La Rochejaquelein & Stofflet parviennent à traverser le fleuve avec une poignée d'hommes, pour être aussitôt dispersés par des détachements républicains. Manquant d'embarcations, les Vendéens poursuivent néanmoins la traversée jusqu'au lendemain où des chaloupes canonnières républicaines venues de Nantes coulent leurs bateaux. Par ailleurs, les forces républicaines prennent position à Châteaubriant & Nort-sur-Erdre ou Westermann massacre 300 à 400 traînards.

Réduits à 10 ou 15 000, dont seulement 6 à 7 000 soldats, les Vendéens sont contraints de fuir vers l'Ouest. Le 22 décembre 1793, ils prennent Savenay qu'ils cèdent dès le lendemain, ne pouvant résister à l'assaut des Républicains. C'est un nouveau massacre, 3 à 7 000 Vendéens sont tués au combat ou exécutés sommairement, et dans les huit jours 2 000 prisonniers, pris les armes à la main sont fusillés, les femmes & les enfants étant envoyés dans les prisons de Nantes.

Au terme de la Virée de Galerne, la victoire républicaine est désormais acquise, sur les 60 à 100 000 Vendéens ayant franchi le fleuve, 4 000 seulement ont réussi à retraverser la Loire, les survivants, dispersés en petites bandes, se cachant dans les bois du Maine, de Haute-Bretagne ou du Morbihan, aidés par une partie des populations locales.



12/03/2017