~ Mémo-Histoire ~

~  Mémo-Histoire  ~

6D - La renaissance des armées vendéennes -

Loin de mettre fin à la guerre, cette tentative d'extermination pousse en réalité les paysans à rejoindre les armées vendéennes, ce que comprennent certains Représentants. Le 1° avril 1794, Lequinio présente un mémoire au Comité de Salut Public qui accorde à Turreau un dernier délai pour exterminer tous les hommes qui ont pris les armes et transformer la Vendée en un grand cimetière national. C'est sans résultat et Turreau, tenu en échec par les troupes vendéennes, est finalement suspendu le 17 mai, ce qui met progressivement fin à l'activité des colonnes infernales

Cette tactique de massacres et de destructions, qui n'avait plus été observée en Europe depuis la guerre de Trente Ans (1618-1648), a provoqué le massacre de 20 à 50 000 civils et un désastre quasi inestimable sur le plan matériel dont la Vendée reste profondément marquée, tant dans ses paysages que dans les mentalités.

Au début de l'année 1794, la situation des armées vendéennes est extrêmement critique. Charette, Joly, Savin & La Cathelinière dans le Bas-Poitou & le Pays de Retz, La Rochejaquelein, Stofflet, Pierre Cathelineau & La Bouëre en Anjou, ne rassemblent chacun que quelques centaines d'hommes sous leurs ordres, ce qui est peu pour s'opposer aux colonnes infernales, malgré la prise de Chemillé & Vezins, certes faiblement défendues, le 26 janvier 1794. Et le 28 janvier, lors de l'attaque d'un groupe de pillards à Nuaillé, La Rochejaquelein est abattu par un tireur isolé.

Stofflet prend alors la tête de l'armée, que rejoignent chaque jour des paysans fuyant les colonnes infernales. Le 1° février 1794, il bat le général Crouzat à Gesté puis s'empare de Beaupréan et reprend Chemillé. Le 8 février, désormais à la tête de 4 à 7 000 Vendéens, il attaque Cholet qui est prise, bien que défendue par 3 000 hommes, au cours et à l'issue de laquelle le général Caffin est blessé et le général Moulin se suicide. Mais quelques heures plus tard, le général Cordellier contre-attaque et reprend la ville. Bien que restée seulement 2 heures au mains des Vendéens, la prise de Cholet provoque la colère du Comité de Salut Public qui menace Turreau. Stofflet ne renonce pas et le 14 février, attaque sans succès Cordellier à Beaupréau. Il se porte alors vers le sud, rejoint le chef haut-poitevin Richard et le 24 février prend d'assaut Bressuire puis remonte sur Cholet, évacuée sur ordre de Turreau, pour achever ce que les Républicains avaient commencé, la destruction de la ville. Le 25 mars, aux Ouleries, Stofflet s'oppose avec succès aux colonnes de Grignon et Crouzat.

De son côté, Charette quitte son refuge de Touvois au début de février 1794, reprend facilement Aizenay puis, avec Sapinaud revenu du nord de la Loire, tente de reformer l'Armée du Centre. Le 2 février les deux chefs se rejoignent à Chauché et repoussent les colonnes de Grignon, Lachenay & Prévignaud. Le 6 février les Vendéens écrasent la garnison de Legé et marchent sur Machecoul où le 10 février à Saint-Colombin, ils se heurtent à la colonne de Duquesnoy qui les met en déroute. Ils se replient alors sur Saligny et se séparent.

Dans le Pays de Retz, les colonnes de Haxo attaquent l'armée de Louis-François Ripault de La Cathelinière, qui se retranche dans la forêt de Princé. Blessé, La Cathelinière est capturé le 28 février 1794 et guillotiné le 2 mars à Nantes. Louis Guérin lui succède à la tête des Paydrets et rejoint Charette. Bien qu'ayant joint sa troupe à celle de Joly, ils sont mis en fuite par Turreau & Cordellier à la forêt de Gralas. Toutefois, le 28 février 1794, Charette tient en échec les colonnes des généraux Cordellier & Crouzat aux Lucs-sur-Boulogne, sans pour autant pouvoir s'opposer au massacre des habitants de la paroisse par les Républicains. Charette qui ne dispose que d'un millier d'hommes tente sans succès de prendre La Roche-sur-Yon le 1° mars. Le 5 mars, à la Viventière en Beaufou, il échappe à Haxo. Celui-ci, qui traque sans relâche les troupes de Charette, est tué le 21 mars au cours de la bataille des Clouzeaux, ce qui déconcerte les Républicains et sauve Charette d'une destruction certaine. Ce dernier poursuit alors son action par une attaque infructueuse de Challans le 7 avril, avant de ravager Moutiers-les-Mauxfaits le 19 avril 1794.

Autre rescapé de la Virée de Galerne, Gaspard de Bernard de Marigny forme une nouvelle armée dans la Gâtine et le 25 mars 1794, les forces réunies de Stofflet, Sapinaud & Marigny prennent Mortagne-sur-Sèvre.

Le 22 avril 1794, Charette, Stofflet, Sapinaud & Marigny se réunissent sans succès au château de La Boulaye à Châtillon-sur-Sèvre pour tenter de choisir un nouveau généralissime. Ils se séparent sur la seule promesse d'assistance mutuelle.

Alors qu'elles se dirigent sur Saint-Florent-le-Vieil, les forces de Stofflet, Sapinaud & Marigny se heurtent le 24 avril 1794 aux troupes de l'adjudant-général Dusirat mais se retirent après un combat indécis au Chaudron-en-Mauges. Marigny, destitué pour être arrivé trop tardivement, regagne furieux le Haut-Poitou. Condamné à mort par un conseil de guerre le 29 avril, malade, il est fusillé le 10 juillet à Combrand par des hommes de Stofflet.

Les combats se poursuivent et le 6 mai 1794, Dusirat s'empare de la forêt de Vézins, refuge de Stofflet. À la fin du mois de mai, Charette, Stofflet & Sapinaud réunissent leurs armées à Legé où, forts de 8 000 hommes, ils écrasent la garnison de Mortagne, aux Landes de Béjarry, lors de la bataille de Mormaison. Ils marchent ensuite sur Challans mais leur attaque est repoussée le 6 juin. Début juillet, Charette est chassé de Legé par Huché et Aubertin, mais le 17 juillet, il repousse une colonne bleue à la Chambodière.

Turreau suspendu le 17 mai, les colonnes infernales sont dissoutes et des mesures sont prises pour cantonner les soldats et interdire les pillages. Les Républicains se retranchant dans des camps, les soldats-paysans vendéens posent leurs armes pour s'occuper de leur famille et des moissons.



12/03/2017