~ Mémo-Histoire ~

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72 - La Principauté d'Andorre -

I – Étymologie -

Le nom Andorra, attesté dès 839, désigne alors la paroisse actuelle d'Andorre-la-Vieille (Andorra la Vella) dont le toponyme viendrait du basque Ameturra {10 sources, de hamar = 10 et iturri = sources}, en référence aux 10 affluents que reçoit la rivière Valira au niveau de la paroisse d’Andorre-la-Vieille.

D'autres théories suggèrent comme origine andurrial {terre couverte d'arbustes, en basque-navarrais}, ou bien un antique Anorra {du basque ur = eau}, ou encore du celte Andor ou Andoer {lieu abrité}, voire même de l'arabe al-Darra {la forêt}.

On peut enfin voir une relation entre le nom Andorra et celui des tribus d'Andosins {du grec Andosinoï} qu'Hannibal, selon le grec Polybe, aurait soumises dans ces vallées après avoir franchi l'Èbre au II° siècle av. J.-C.

A signaler enfin l'existence d'une ville du même nom, Andorra, dans la province de Terruel en Aragón.


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La carte de la Principauté d'Andorre

II – Histoire -

Selon une légende du XI° siècle, Charlemagne aurait accordé une charte aux Andorrans en récompense de leur participation à la lutte contre les Maures. C'est d'ailleurs par les mots "Le grand Charlemagne, mon père, des Arabes me délivra" que débute l'hymne andorran (cf. infra, § III).

Le contrôle du territoire passe aux comtes d'Urgell, puis à l'évêque de ce diocèse, en partage avec la famille de Caboet, avant de parvenir, par les vicomtes de Castellbó, aux comtes de Foix. Les deux coseigneurs laïc et ecclésiastique s’affrontent souvent à propos de leurs droits sur les vallées d’Andorre.

En 1278 et 1288, le conflit est résolu par la signature de conventions instaurant la souveraineté partagée, le paréage d’Andorre {contrat de droit féodal d'association entre 2 ou plusieurs seigneurs, leur assurant une égalité de droits & une possession en indivision sur une même terre} entre le comte de Foix & l’évêque d'Urgell.

Les comtes de Foix devenant comtes de Foix-Béarn puis rois de Navarre, Henri III de Navarre hérite de la couronne de France (pour régner sous le nom d'Henri IV). Un édit de 1607 établit le roi de France & l’évêque d’Urgell comme coprinces de l’Andorre.

Coat_of_Arms_of_Andorra.svg.pngLe Blason de la Principauté

 

Au cours de la période napoléoniènne l'Empire annexe la Catalogne espagnole, la divise en 4 puis 3 départements (Sègre, Ter, Montserrat & Bouches-de-l'Èbre, qui devient en 1813 Bouches-de-l'Èbre-Montserrat) ; l'Andorre est ensuite annexée et rattachée au district de Puigcerdá, département de Sègre.

Le 6 juillet 1934, le Russe Boris Skossyreff se proclame roi du gouvernement d’Andorre sous le nom de Boris I° ; mais le 14 juillet suivant, une unité de la guardia civil entre en Andorre, l'arrête et l'expédie vers Barcelone, puis Madrid, avant de l'expulser vers le Portugal.

À raison de son relatif isolement, l’Andorre est longtemps restée en marge de l’histoire européenne, cultivant un certain mystère.

Au cours de la Seconde Guerre mondiale elle préserve sa neutralité, rendue précaire par la proximité de voisins aux régimes autoritaires. Sans que cela soit le fruit d'une politique délibérée, Andorre sert de lieu de passage et de plaque tournante à un grand nombre de fugitifs et d'évadés : plusieurs dizaines de milliers de personnes ont probablement transité par la principauté entre 1940 et 1945 : militaires polonais, Français désireux de rejoindre les forces armées des généraux Giraud & de Gaulle en Afrique du Nord, aviateurs alliés abattus (Britanniques, Canadiens, Américains, olonais, etc.), Juifs fuyant les persécutions nazies et le régime de Vichy, puis, en 1945, nazis ou collaborateurs français cherchant refuge en Espagne.

Un grand nombre de passeurs et d'hôteliers andorrans ont contribué à ces transits, malgré la présence d'agents secrets et d'espions de tous bords (Allemands, Français de Vichy, Franquistes), les réseaux d'évasion britanniques, polonais, français & américains pouvant ainsi discrètement mener à bien leurs missions.

Dans les années 1950, le pays commence à attirer les visiteurs. Avec le développement du tourisme sont améliorés les moyens d’accès et les capacités d’hébergement, sortant ainsi le pays de son anonymat.

Ce n'est que le 25 septembre 1958 qu’Andorre met fin à l'état de guerre avec l'Allemagne, en cours depuis 1914, n'ayant pas été invitée à participer à la Conférence de paix et n'ayant pas signé le Traité de Versailles !

III – Organisation politique -

La première Constitution d'Andorre est adoptée par référendum le 14 mars 1993, ce qui consacre de fait son entrée au sein de l'Organisation des Nations Unies.

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Le drapeau de la Principauté d'Andorre

Comme indiqué supra, son hymne national "Le Grand Charlemagne", dont les paroles de Juan Benlioch y Vivó, coprince épiscopal, rappellent la légende selon laquelle l'Andorre aurait été créée par Charlemagne en chassant les Arabes, sur une musique composée par Enric Marfanu Bons, a été adopté en 1921.

 Pour une audition de cet l'hymne, suivre le lien ci-après :

Le Grand Charlemagne

Le régime andorran est la coprincipauté parlementaire, héritage lointain du paréage de 1278 entre l'évêché d'Urgell & le comte de Foix, puis de son évolution historique

Conformément aux dispositions de l'article 43 de la Constitution d'Andorre, les coprinces, sont, à titre personnel et exclusif, l'évêque d'Urgell & le président de la République française. Leurs pouvoirs sont égaux et procèdent de la Constitution. Chacun d’eux jure et promet d’exercer ses fonctions conformément à la Constitution. Depuis le 12 mai 2003, le coprince espagnol est Mgr Joan-Enric Vives i Sicilia & depuis le 14 mai 2017, le coprince français est le président Emmanuel Macron.

Selon l'article 44 de la Constitution andorrane, les coprinces sont les "garants de la permanence et de la continuité de l'Andorre ainsi que de son indépendance et du maintien du traditionnel esprit de parité et d'équilibre dans les relations avec les États voisins", "ils manifestent l'accord de l'État andorran dans ses engagements internationaux" et sont "les arbitres et les modérateurs du fonctionnement des pouvoirs publics et des institutions. À l'initiative de l'un d'entre eux, du Syndic général ou du chef du gouvernement, ils sont régulièrement informés des affaires de l'État".

Leur fonction n'est pas que représentative ; ils peuvent p.ex. être à l'initiative de référendums, signer le décret de dissolution du Conseil général, accréditer les représentants diplomatiques d'Andorre à l'étranger, nommer les titulaires des autres institutions de l'État, sanctionner et promulguer les lois, accorder une grâce, désigner les membres du Conseil supérieur de la justice, la plus haute juridiction du pays, nommer les membres du Tribunal constitutionnel, qu'ils peuvent également saisir, ou encore opposer un veto à l'adoption d'un traité international...

P.ex. en 2009, le président français a fait pression sur le Conseil général pour que la Principauté participe plus activement à la lutte contre l'évasion fiscale, ayant même menacé de démissionner le 26 mars 2009, ce qui a conduit Andorre à généraliser la TVA et à introduire l'imposition directe sur les revenus des non-résidents, comme des résidents, et à signer une convention d'assistance mutuelle avec l'OCDE, sortant ainsi la Principauté de la "liste grise" des paradis fiscaux...

Pour assurer leurs missions, les coprinces reçoivent du Budget général de la Principauté une dotation (354 000 € chacun en 2014) pour le fonctionnement de leurs services.

La Principauté est dotée d'un régime de république parlementaire.

Habitués de longue date au régime représentatif, vivant en paix depuis 11 siècles, les Andorrans n'ont guère modifié leur système politique & administratif ; ainsi, tous les 2 ans, entre le 10 et le 15 décembre, chaque paroisse élit pour 4 ans, au suffrage universel depuis 1947, la moitié des membres du conseil de paroisses ainsi que 2 conseillers généraux. Ce conseil général, appelé avant 1866 "Conseil de la Terre", tient une session mensuelle à la Casa de la Vall, à Andorre-la-Vieille, et choisit tous les 3 ans son syndic général, qui le dirige, ainsi que le vice-syndic, son assistant.

Depuis les élections du 1° mars 2015, la principauté comprend 3 groupes parlementaires : les démocrates pour Andorre, les Libéraux d'Andorre, et un groupe mixte, coalition du parti social-démocrate & du parti Démocratie sociale et progrès.

Le Conseil général, en sa qualité de Parlement national, assure la représentation mixte et paritaire de la population nationale et des 7 paroisses, exerce le pouvoir législatif, approuve le budget de l’État, donne l’impulsion à l’action politique du gouvernement qu'il désigne et la contrôle. Il se compose d’un minimum de 28 et d’un maximum de 42 conseillers généraux. La moitié d’entre eux est élue, en nombre égal, par chacune des 7 paroisses, et l’autre moitié est élue dans le cadre d'une circonscription nationale unique. Le Conseil général est ainsi une assemblée mixte, représentant à la fois les territoires de la principauté (comme le Sénat en France) et son peuple (comme l'Assemblée nationale en France).

Le pouvoir exécutif est assuré par le chef du gouvernement (Cap de Govern), issu du Conseil général (Antoni Marti Petit depuis 2017) et des ministres ; il est chargé de la conduite de la politique nationale & internationale d'Andorre et de l'administration de l'État ; il élabore chaque année le budget de la principauté qu'il soumet au vote du Conseil Général.

Andorre est divisée en 7 paroisses qui sont, dans l'ordre protocolaire, Canillo, Encamp, Ordino, La Massana, Andorre-la-Vieille, Sant Julià de Lòria & Escaldes-Engordan. Chaque paroisse est dirigée par un consul & un vice-consul, siégeant dans la "Comú" l'équivalent de notre mairie.

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 Les 7 paroisses de la Principauté

Andorre est enclavée au sein de l'Union Européenne, dont elle n'est pas membre, mais avec laquelle elle a conclu divers accords portant notamment sur une union douanière limitée, la capacité à émettre des € depuis l'accord monétaire du 30 juin 2011, et sur une coopération en matière d’environnement, de transports, de culture, de politique régionale, de questions de contrôle sanitaire vétérinaire aux frontières. Sa monnaie nationale est l'Euro (€) depuis le 1° janvier 2002.

Elle n'a jamais remporté de titre olympique, mais son Comité national olympique, créé en 1971 est reconnu par le CIO depuis 1975.

Elle est le seul État au monde dont la langue officielle soit le Catalan.

IV – Données économiques -

Andorre couvre une superficie de 464 km² pour une population de 88 580 habitants en juillet 2015, soit une densité de 183 h/km². Elle est de confession majoritairement catholique, sa sainte patronne étant Notre-Dame de Meritxell.

La loi fondamentale reconnaît 3 systèmes éducatifs, andorran, français & espagnol, auxquels s'ajoutent un système "congrégationnel" en langue catalane.

Insérée dans le massif des Pyrénées, elle est constituée de 3 vallées étroites en forme de Y, d'une altitude moyenne de 1 997 m avec 62 sommets de plus de 2 000 m, le plus élevé, la Coma Pedrosa, culminant à 2 942 m, comprend une trentaine de lacs & 5 stations de ski.

La situation géographique particulière du pays rend son accès difficile, bien que correctement desservie par la route depuis les pays voisins. Elle est le seul État européen à être dépourvu de service ferroviaire et d'aéroport international.

Pour l'anecdote, afin d'édifier un viaduc au-dessus de l'Ariège, un traité a dû être signé entre la France et la Principauté pour permettre l'échange de 1.5 ha de territoire français sur la commune de Porta (FR-66).

 

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La Ville d'Andorre-la-Vieille

Son activité est essentiellement agraire, élevage et culture, avec une évolution marquée vers l'industrie touristique : le tourisme de passage, qui profite d'une fiscalité très avantageuse, et le tourisme blanc (sports d'hiver), avec les domaines skiables du Grand Valira & de Vallinord, le thermalisme des Escaldes, avec le centre thermoludique de Caldea, complétant cette offre touristique.

Elle dispose d'un patrimoine architectural, notamment religieux, tout à fait remarquable, avec de nombreuses petites églises aux peintures d'inspiration romane, Sant Joan de Caselles, notamment.

Elle s'est dotée à Ordinao d'un Auditorium national d'une grande qualité acoustique dans lequel se déroule chaque année le Festival international de jazz Narciso Yepez ainsi que de nombreux concerts, dont ceux du Chœur National des Petits Chanteurs d'Andorre.



11/08/2017