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75 - La Principauté de Monaco -

La Principauté de Monaco {en monégasque Principatu de Múnegu, en occitan Principat de Mónegue) est un pays d'Europe de l'Ouest, plus précisément une cité-État, enserrée dans le territoire français, disposant d'une façade maritime sur la Méditerranée, à 20 km à l'est de Nice et à 8 km à l'ouest de Menton, ville frontalière avec l'Italie.

 

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La carte de Monaco

Dépendante de la République de Gênes, dont les Grimaldi étaient une des familles patriciennes, relativement autonome depuis 1297, elle est devenue une monarchie constitutionnelle en 1911, dirigée depuis 2005, par le prince souverain Albert II de Monaco {fils du Prince Rainier III & de Grace Kelly, petit-fils de la princesse Charlotte & de Pierre de Polignac}, de la dynastie Grimaldi, l'une des plus anciennes dynasties régnantes au monde, si l'on s'en tient à la traditionnelle définition agnatique {en droit romain, l'agnat désigne le membre d'une famille appartenant au titre de descendant par les mâles d'un même pater familia, voire adopté par celui-ci} de la maison régnante, la Principauté de Monaco étant passée à la famille de Goyon de Matignon {ancienne famille bretonne & normande dont elle acquit ce nom vers la fin du XII° siècle} en 1731 puis à la famille de Polignac {nom d'une ancienne famille française, la Maison de Polignac, éteinte en 1385, dont le nom a été repris par la branche aînée de la Maison de Chalencon, originaire du Velay} en 1949.

 

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Le drapeau de la Principauté de Monaco

I – Jusqu'au Moyen-Âge -

Le territoire de l'actuelle de la Principauté de Monaco est occupé dès la fin du Paléolithique inférieur (- 300 000) ainsi que l'attestent des ossements d’animaux, ayant servi de nourriture à ces hommes préhistoriques, retrouvés dans la grotte de l'Observatoire du Jardin exotique. Des fouilles ont également révélé la présence d’un bassin dans cette grotte ainsi que dans celle du Prince. Une présence humaine est également attestée au Paléolithique moyen (- 50 000) et au Paléolithique supérieur (- 30 000). Les premières œuvres d'art (gravures, sculptures de Vénus paléolithiques, etc.) apparaissent durant cette période. Les sépultures, individuelles ou collectives, deviennent de plus en plus nombreuses, le site italien voisin des Balzi Rossi, dans le hameau de Grimaldi, possédant notamment la sépulture double d'une femme et d'un adolescent.

D’après l’historien Diodore de Sicile (I° siècle av. J.-C.) & le géographe grec Strabon (-64 - ca.+21), les premiers habitants sédentaires sont des Ligures venant de Gênes (bien que le monégasque moderne ne s'apparente pas au dialecte italien issu de la langue ligure). Cette migration ligure vers Monaco aurait pour cause probable la recherche d'une façade maritime.

Les Phocéens de Massalia (Marseille) fondent au XI° siècle av. J.-C. la colonie de Monoïkos sur le site de l’actuelle Monaco. Monoïkos est dédiée à Hercule, adoré sous le nom de Hercules Monoecus, qui serait passé dans cette région selon Diodore de Sicile & Strabon.

Après la Guerre des Gaules, Jules César fait étape à Monecus, alors passée sous contrôle romain et dépendant de la province de la Gaule narbonnaise. Dans L'Énéide (VI.830), le poète Virgile mentionne le rocher de Monaco et le grammairien Maurus Servius Honoratus affirme que le terme Monaco dérive de cette origine. Il est par ailleurs fait mention du port de Monaco dans l'Histoire naturelle de Pline l'Ancien (III.V12) & dans les Historiæ de Tacite (III.XLII).

II – Le Moyen-Âge -

Monaco, alors turbiasque {de la commune actuelle de La Turbie, FR-06}, reste sous domination romaine jusqu’à l’effondrement de l'Empire romain d'Occident en 476. Le site est ensuite occupé et ravagé par les Sarrasins et diverses tribus barbares jusqu'en 975. Au XI° siècle il est à nouveau peuplé par des Ligures {populations de langue romane du nord de l’Italie}.

En 1191, l'Empereur romain germanique Henri VI concède à Gênes la souveraineté de quelques ares du quartier de la Condamine et le rocher qui appartenaient à la seigneurie de La Turbie : c'est le territoire du futur Monaco. Le 10 juin 1215, un détachement de Gibelins {factions médiévales de l'actuelle Italie, soutenant les dynasties du trône du Saint-Empire} mené par le génois Foulques de Castello commence la construction d’une forteresse sur le rocher de Monaco afin de contrôler la région. Cet événement marque le début de l’histoire moderne de la Principauté car, pour attirer les habitants de Gênes et des villes environnantes, ils offrent des terres et exonèrent de taxes les nouveaux arrivants.

Monaco est gouverné par la dynastie des Grimaldi. Selon la légende, dans la nuit du 8 au 9 janvier 1297, François Grimaldi, dit Malizia (François la Malice), déguisé en moine franciscain (par coïncidence, monaco signifie moine en italien) pénètre avec un de ses compagnons aussi vêtu de bure dans la forteresse sans attirer la méfiance, dont il ouvre les portes à ses soldats qui s'en emparent aisément. On trouve les traces de cette origine sur les armoiries de la Principauté qui comportent deux moines tenant une épée.

 

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Les armes de la ville de Monaco

Le 10 avril 1301, le cousin de François, Rainier I° de Monaco doit quitter la forteresse assaillie par les Génois. Charles II d'Anjou lui donne en compensation les châteaux de Villeneuve, de Vence & de Cagnes, les Grimaldi s'exilant alors en Provence.

Cependant, l’autorité des Grimaldi est définitivement reconnue en 1314, date à laquelle Charles Grimaldi porte le titre de seigneur de Monaco, même s'il n'y règne qu'à partir de 1331, qui perdure à ce jour, à la seule exception de la période de 1793-1814 durant laquelle Monaco est intégrée à la France sous le nom de Fort-Hercule.

En 1346 les Grimaldi acquièrent la seigneurie de Menton et en 1335 celle de Roquebrune, ces seigneuries constituant, avec celle de Monaco, le territoire de la Principauté de 1633 à 1861.

Dans le contexte des luttes incessantes entre Milanais et Génois, mais aussi en raison de la nécessité de trouver une protection auprès de la Maison de Savoie toute proche, en possession du Comté de Nice depuis 1388, Lambert inféode les seigneuries de Menton et de Roquebrune au duc de Savoie. Cette décision dictée par les nécessités du moment est lourde de conséquences pour la future Principauté lors des événements de 1848 et de 1860. Cette garantie ne paraissant toutefois pas des plus sûres pour sa seigneurie, Lambert tente un rapprochement avec la France du roi Louis XI qui aboutit au traité, signé le 25 février 1489 avec le roi Charles VIII, lui garantissant sa protection et reconnaissant à Lambert la pleine souveraineté sur ses possessions de Monaco, Menton & Roquebrune. Ainsi, en 1489, Lambert est le seigneur de Monaco qui a su se garantir contre les visées des Génois et celles très pressantes des ducs de Milan, en se plaçant sous la protection du royaume de France et de ses voisins directs, protégés des États de Savoie, vassaux du saint Empire romain germanique.

III – L'Époque moderne -

Monaco obtient officiellement son indépendance du Saint-Empire romain germanique mais devient un protectorat espagnol en 1524. En tant qu'empereur du Saint-Empire, Charles Quint reconnaît la souveraineté de Monaco, tout en lui accordant sa protection en tant que roi catholique d'Espagne. En signe d’amitié pour son nouvel allié, Charles Quint fait un bref séjour à Monaco du 5 au 9 août 1529 alors qu'il se rend en Italie pour recevoir des mains du pape la couronne d’empereur des Romains.

Le traité de Péronne du 14 septembre 1641, signé entre le roi de France Louis XIII & Honoré II de Monaco, met fin au protectorat espagnol et replace la Principauté dans la mouvance française. En compensation de la confiscation de ses biens en pays espagnol, Louis XIII octroie à Honoré II les fiefs du Valentinois, de Carladès, des Baux & de Saint-Rémy.

Le 14 février 1793, la Convention nationale décréta que "la ci-devant principauté de Monaco est réunie au territoire de la République (française), et fait partie du département des Alpes-Maritimes".

Sous le Consulat, la loi du 28 pluviôse an VIII (17 février 1800), relative à "la division du territoire de la République et à l'administration", érige Monaco en chef-lieu du 2° arrondissement du département des Alpes-Maritimes, qui comprend les cantons de Monaco, Menton, Perinaldo, Briga & Sospello.

Par le Congrès de Vienne de 1814-1815, la ville devient un protectorat du Royaume de Sardaigne sous lequel elle restera jusqu’au traité franco-monégasque de 1861 lui assurant la souveraineté.

En 1847, la Principauté de Monaco occupe une superficie totale de 24 km² jusqu'à la frontière italienne et comprend 3 communes : Monaco (1 250 habitants), Roquebrune (850 habitants) & Menton (4 900 habitants). La partie la plus vaste et la plus riche de la Principauté est la plaine mentonnaise, avec ses cultures d'agrumes et d'oliviers, le commerce extérieur de la Principauté reposant essentiellement sur les exportations d’huile et de citrons de Menton. À la suite d'une tentative du prince Florestan I° visant à taxer les agrumes, Menton & Roquebrune proclament la déchéance des Grimaldi et se déclarent "villes libres" se plaçant sous la protection du royaume de Sardaigne. Marqué par ces révoltes contre l'impôt et afin de pallier le manque de ressources financières aggravé par la perte de Menton et de Roquebrune, le prince Charles III, successeur de Florestan I°, sur les conseils de sa mère Caroline Gibert, autorise en 1856 la création de maisons de jeux et d'un casino sur le territoire monégasque, interdits dans les pays voisins, ce qui permet à la Principauté de de se développer. Mais le premier casino ouvert en 1857 ferme rapidement, faute de clients. En 1860, Menton & Roquebrune votent leur rattachement à la France, ce qu'entérine le traité franco-monégasque de 1861 en compensation d'une dotation de quatre millions de francs-or versée par la France à la Principauté. La surface de la Principauté est ainsi réduite de plus de 90 %, ce qui entraîne la perte de ses principaux revenus agricoles.

 

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Évolutions territoriales de Monaco depuis 1861

En 1863, Charles III fait rouvrir le casino et accorde le privilège de son exploitation à l'homme d'affaires François Blanc, lui offrant la présidence de la Société des bains de mer qu'il vient de créer. Mais Charles III interdit aux sujets monégasques de jouer dans ce casino, cette loi étant toujours en vigueur. En 1866, le quartier des Spélugues, où est implanté le casino, prend le nom de Monte-Carlo en hommage au prince souverain. Enfin, en 1869, la Principauté pouvant suffire à ses besoins, Charles III supprime les impôts personnels, fonciers et mobiliers, ce qui dynamise fortement l'activité de construction. Ce paradis fiscal, par son climat méditerranéen très favorable, le développement de la ligne PLM (Paris-Lyon-Méditerranée) et d'une hôtellerie de luxe, la présence de "cocottes" (la Belle Otero, Émilienne d'Alençon, Liane de Pogy), attire le gotha international.

Jusqu'à a Révolution monégasque de 1910 et l'institution de la constitution de 1911 créant une monarchie constitutionnelle, le Prince de Monaco dispose des pleins pouvoirs.

En juillet 1918, un Traité d'amitié protectrice, inclus dans le Traité de Versailles, est accordé par la France à la Principauté, cette dernière devant s'aligner sur les intérêts politiques, militaires et économiques de la France. Pour éviter qu'en cas de décès de l'unique héritier direct, Louis II de Monaco, le trône ne tombe dans les mains du duc allemand Guillaume II de Wurtemberg-Urach, le traité prévoit que, pour être prince de Monaco, il faut être français ou monégasque. En 1919, Louis II de Monaco adopte sa fille naturelle Charlotte de Monaco pour la rendre dynaste ; et ce sont des descendants de celle-ci qui règnent à Monaco depuis 1949. Ce traité d'amitié est complété par la convention du 28 juillet 1930, relative à la coopération administrative entre la République française et la Principauté de Monaco, cet accord, sous couvert de réciprocité et de collaboration, réservant les hauts postes gouvernementaux et administratifs monégasques à des ressortissants français.

IV – La Seconde Guerre mondiale -

L'arrivée des troupes italiennes autour de Monaco en juin 1940 inquiète le prince Louis II qui craint l'annexion de sa Principauté et sa destitution. Il se rapproche du gouvernement de la France (le régime de Vichy) et c'est à Pierre Laval et au Maréchal Pétain, qui vient de recevoir les pleins pouvoirs de l'Assemblée Nationale le 10 juillet 1940, qu'il demande, avec succès, assistance. Le prince Louis II fait passer de son propre chef, sans contrainte ni de l'Allemagne nazie ni du régime pétainiste, des lois antisémites visant au recensement des juifs. Mais Monaco est occupée par les Italiens en novembre 1942.

La Principauté de Monaco exerce alors envers le Troisième Reich ce qui sera nommé plus tard "une étrange neutralité". Des liens financiers avec les nazis existent depuis 1936, à l'issue de la visite du ministre des Finances allemand Hjalmar Schacht destinée à la mise en place d'un montage financier à partir de banques allemandes, la prospérité et l'indépendance de la Principauté en profitant et le Reich diversifiant ses interfaces de financement. Par la Suisse et par Monaco, l’Allemagne nazie réussit ainsi à contourner les embargos imposés par les Alliés. Le 25 juin 1943 Louis II offre un banquet au consul d'Allemagne et nomme le docteur Bernhard Bodenstein, un membre du parti nazi, consul de Monaco à Berlin. En septembre 1943, l'occupation allemande se substitue progressivement à celle des Italiens, des Allemands prenant des participations dans la Société des bains de mer. Ainsi, la Principauté de Monaco se rallie à la politique de déportation de 76 juifs étrangers menée par l'Allemagne nazie, la police monégasque arrêtant notamment les Juifs venus se réfugier en Principauté. Des projets d'implantations militaires sont élaborés, notamment une station de détection sous-marine, un atelier de torpilles et quelques rares blockhaus, la présence allemande restant relativement discrète, ce qui permet au Prince, à l'arrivée des Américains, de clamer sa neutralité. Les troupes américaines sont interdites d'accès à Monaco.

Le 28 septembre 1944, le prince héréditaire Rainier souscrit un engagement au 7° régiment de tirailleurs algériens des troupes d’Afrique française et prend part aux opérations de la campagne d’Alsace. Il est décoré de la Croix de guerre 1939-1945, de la Bronze Star américaine puis fait chevalier de la Légion d'honneur à titre militaire en 1947.

V – L'Époque contemporaine -

En 1949, le prince Rainier III accède au trône après la mort de son grand-père, le prince Louis II (qui laisse notamment son nom au stade de l'AS Monaco). Souhaitant une souveraineté totale pour sa Principauté, il se rapproche des États-Unis afin d'obtenir le réaménagement du traité de 1918 et la renégociation de la convention de 1930, ce qui ne manque pas de provoquer certaines tensions avec le gouvernement français.

En 1962, au moment du référendum sur l'élection au suffrage universel du président de la République française, une crise politique et financière oppose Monaco à la France. Le contrôle de l'État français sur la radio et la télévision se heurte à l’Ordonnance Images et Sons proclamée le 14 janvier 1962 par le prince Rainier III, qui permet à Radio Monte-Carlo (RMC) & Télé Monte-Carlo (TMC) d'échapper au contrôle financier indirect de l'État français mis en place depuis 1955. Dans la nuit du 23 au 24 janvier 1962, le Prince Rainier congédie brutalement le ministre d'État de Monaco, Émile Pelletier, venu lui demander le retrait de cette mesure unilatérale. Toutefois, le 25 janvier, le Prince Rainier abroge cette ordonnance mais le gouvernement français prend prétexte de ce limogeage pour entamer une épreuve de force avec la Principauté, le véritable contentieux étant bien évidemment son statut fiscal issu de la convention du 23 décembre 1951 relative au voisinage et à l'assistance administrative mutuelle en matière douanière et fiscale.

Malgré des concessions de la part de la Principauté, la France rompt le 3 avril 1962 les négociations commencées le 23 mars en matière d'imposition fiscale et lève tous les intérêts de la Principauté. Le délai de préavis de 6 mois pour la caducité de la convention de 1951, qui court depuis le 12 avril 1962, venant à expiration le 11 octobre, dans la nuit du 12 au 13 octobre 1962 la France décide d'un "blocus de Monaco" et envoie une escouade douanière : l'union frontalière est rompue, les entrées à Monaco sont contrôlées, l'affranchissement du courrier est revu à la hausse, et les privilèges des Français habitant Monaco sont réduits à néant.

Finalement, les négociations reprennent et permettent la rédaction et l'adoption le 17 décembre 1962 d'une nouvelle Constitution pour la Principauté, abolissant la peine de mort, autorisant le vote des femmes et mettant en place une Cour suprême garantissant les libertés fondamentales. Des conventions de voisinage, fiscale, douanière, postale, téléphonique, pharmaceutique... sont signées le 18 mai 1963 et Monaco récupère l'ensemble de ses privilèges, renforçant alors sa souveraineté malgré de très importantes concessions en matière de fiscalité des sociétés, les opérations financières monégasques & l'imposition des Français vivant dans la Principauté mais ne pouvant justifier de 5 ans de résidence. Le film "Grace de Monaco" d'Olivier Dahan" de 2014 fait état de cette crise.

En 1982, la Principauté est endeuillée par la mort soudaine de la Princesse Grace de Monaco, épouse de Rainier III et mère d'Albert II, l’actuel prince de Monaco, victime d’un accident automobile.

En 1993, Monaco devient officiellement membre des Nations Unies.

En 2004, la Principauté de Monaco rejoint le Conseil de l'Europe après de nombreuses tractations et une modification de la loi électorale rendant systématique une représentation de l’opposition au Conseil national par un mode de scrutin ayant une composante proportionnelle. Bien que n'étant pas partie à la Convention de Schengen de 1990, elle est autorisée à délivrer des visas et applique les normes de Schengen à raison de son traité d'unon douanière avec la France, traité intégré dans diverses conventions internationales.

Le 6 avril 2005, à la mort du prince Rainier III, c’est son fils Albert II, né en 1958, jusque-là prince héréditaire et marquis des Baux, qui devient prince souverain. Les cérémonies marquant son avènement se déroulent le 12 juillet 2005 et celles de son intronisation officielle le 19 novembre 2005.

VI – Organisation politique & administrative -

Depuis 1911, Monaco est une monarchie constitutionnelle, dirigée par un Prince. Il est assisté par le Conseil de la Couronne, instance consultative composée de 7 membres nommés pour 3 ans.

En vertu de la Constitution de 1962, le Prince de Monaco est le chef de l'État ; il partage le pouvoir législatif avec le Conseil national, parlement monocaméral, dont les 24 membres sont élus pour 5 ans au suffrage universel, par un scrutin plurinominal, 18 conseillers élus directement, 6 autres sur un mode proportionnel de liste. L'initiative de la loi appartient au Prince, sur proposition du Conseil de gouvernement. le Conseil national peut également soumettre au ministre d'État des propositions de loi que ce dernier n'est pas astreint à proposer au Prince.

 Le Prince de Monaco est à la tête du pouvoir exécutif, exercé "sous la haute autorité du Prince" par un Ministre d'État qui, seulement depuis 2002 n'a plus l'obligation d'être français, assisté d'un Conseil de gouvernement composé de 6 membres, nommés par le Prince et responsables uniquement devant lui, titulaires respectivement des départements de l'Intérieur, des Finances et de l'Économie, des Affaires sociales & de la Santé, de l'Équipement, de l'Environnement & de l'Urbanisme, des Relations extérieures et de la Coopération. L'action administrative, dans les domaines ne touchant pas à la famille princière, à la justice, à l'exequatur {procédure permettant de rendre exécutoire une décision de justice rendue à l'étranger}, à la dissolution du Conseil national et les ordres honorifiques, relevant de la seule compétence du Prince, est exercée au moyen d'ordonnances souveraines, délibérées en Conseil du gouvernement, signées par le Prince, et d'arrêtés ministériels, délibérés en Conseil de gouvernement et signés par le Ministre d'État, sur lesquels, toutefois, le Prince peut exercer un droit de veto.

Si, jusqu'en 2003, l'Union nationale et démocratique (UND) domine la vie politique monégasque, elle perd les élections de 2003 au profit de la coalition Union pour Monaco (UPM), reconduite en 2008, mais qui fait scission, certains de ses membres créant l'Union pour Monaco. En 2013, la large coalition Horizon Monaco, composée de Rassemblement & Enjeux, anciennement RPM, issu de l'UND, de Valeurs et Enjeux créé en 2008, de l'Union Pour la Principauté, de Synergie Monégasque et d'indépendants remporte les élections face à Union monégasque, dont font partie l'Union pour Monaco (UM) et l'Union nationale pour l'avenir de Monaco (UNAM).

En vertu des dispositions de l'article 88 de la Constitution, le pouvoir judiciaire appartient au Prince qui en délègue le plein exercice aux cours & tribunaux, composés, en première instance, du juge de paix et du tribunal de première instance, statuant en matière civile & pénale, sauf pour les crimes qui sont de la compétence du Tribunal criminel. La Cour d'appel juge en deuxième instance en matière civile, pénale & administrative. La Cour de cassation statue en cassation en matière civile, commerciale, administrative & pénale. Il existe également un Tribunal suprême qui statue sur la conformité du règlement du Conseil national à la Constitution, les recours relatifs aux droits fondamentaux limitativement énumérés dans la Constitution, les recours pour excès de pouvoir contre les décisions administratives & les recours en cassation contre les décisions des juridictions administratives. Le droit monégasque est largement inspiré du droit français, les codes napoléoniens ayant été appliqués à Monaco jusqu'en 1816 relayés par des codes spécifiquement monégasques, notamment à partir de 1866.

 

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Divisions administratives de Monaco

Depuis 1918, Monaco ne compte qu'une seule commune. Les affaires locales sont du ressort du Conseil communal, assemblée de 15 membres élus pour 4 ans au suffrage universel direct et au scrutin de liste plurinominal à 2 tours, avec possibilité de panachage sans vote préférentiel ; le conseil est présidé par un maire.

Monaco est membre de l'Assemblée parlementaire de la francophonie & de l'Organisation internationale de la francophonie.

 VII – Données économiques -

Monaco est le 2° plus petit État indépendant au monde, après le Vatican. Son territoire s'étend sur une bande de terre de 4 100 m le long de la mer Méditerranée, d'une largeur variant de 350 à 1 050 m, soit une superficie totale de 202 hectares (2,02 km²). L'altitude maximale de 164,44 m est atteinte sur un de flanc du Mont Agel, qui culmine par ailleurs à 1 150 m, la place du Palais se situant à une altitude de 62,20 m.

Elle compte 5 469 m de frontière, dont 3 274 m avec la commune de Beausoleil, 1 341 m avec celle du Cap d'Ail, 464 m avec celle Roquebrune-Cap-Martin & 390 m avec celle de la Turbie, et 3 829 m de côte.

En 2017 Monaco dispose d'une population de 37 554 habitants, ce qui en fait le pays le plus densément peuplé (18 591 h/km²). La langue officielle est le français, mais y sont également parlés la variété monégasque du ligure, l'occitan, ainsi que l'italien & l'anglais.

Le catholicisme est la religion d'État, mais la liberté du culte est garantie par la Constitution.

Monaco fait partie des 4 micro-États enclavés non-membres de l'Union européenne, autorisés à utiliser l'euro depuis le 1° janvier 1999, les pièces et billets libellés en € ayant cours légal et remplaçant alors le franc monégasque à compter du 1° janvier 2002.

 Depuis les accords du 18 mai 1963, Monaco & la France forment un ensemble fiscal unique au regard de la TVA, Monaco collectant sur son territoire la TVA qu'elle verse à la France qui lui rétrocède sa quote-part. Ce principe de compte de partage de la TVA est justifié dans la mesure où il s’agit de remettre les États dans la situation qui serait la leur s’il y avait eu une frontière fiscale mais les modalités de calcul du reversement posent problème, ceux-ce ne traduisant pas la réalité de l’activité économique...

Malgré les divergences de méthodes de calcul de la Banque mondiale et du gouvernement monégasque, notamment sur la prise en compte du produit des migrations pendulaires {définit les déplacements quotidiens des personnes de leur domicile à leur lieu de travail, et réciproquement} et qui concernent les travailleurs venant quotidiennement des pays frontaliers, le PNB très élevé de la Principauté de Monaco (7,240 milliards de dollars US en 2008, soit 222 022 US $/h ) la place en tête du classement mondial des revenus par habitant.

La situation géographique de Monaco comme son climat méditerranéen en font une destination prisée des touristes. Avec ses 2 800 chambres, le secteur hôtelier, orienté principalement vers la clientèle de luxe attirée par les nombreuses manifestations sportives et culturelles & les casinos, dont celui de Monte-Carlo, a réalisé en 2006 un total de 900 000 nuitées. Il a tendance maintenant à se redéployer vers le tourisme d’affaires, congrès & séminaires, ce qui représente aujourd’hui 25 % des nuitées, une telle activité générant environ 25 % des revenus de la Principauté.

Pour sa part, le secteur secondaire, composé d'une centaine de petites industries non polluantes et à haute valeur ajoutée, emploie environ 3 800 personnes, soit environ 9 % de la population salariée, ce qui représente près de 8 % du PIB de la Principauté. Les entreprises industrielles de la Brasserie de Monaco, de la minoterie et de la chocolaterie, se concentrent principalement sur les 250 000 m² de terrain gagnés sur la mer lors de la construction du terre-plein de Fontvieille. Le secteur "chimie-pharmacie-cosmétologie" est le plus prospère générant 49,21 % des revenus industriels et occupant 1 200 emplois, viennent ensuite les industries de transformation de matières plastiques avec 21,6 %, celles de fabrication de matériel électrique et électronique avec 10,2 % et celles de l'imprimerie et du cartonnage avec 6 %. Le nombre d’emplois rapporté à celui des habitants est particulièrement élevé, les migrations pendulaires représentant environ 40 000 emplois.

 

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Vue de la ville Monaco

Au cours des dernières années les grands travaux entrepris ont permis à Monaco de s'étendre de près de 40 hectares, principalement par des terrains gagnés sur la mer. Les premiers travaux de remblaiement débutent en 1865 pour la création de la voie ferrée, suivis quelques années après par la création du premier quartier industriel de Fontvieille, qui permet de gagner 5,5 hectares sur la mer. Le fond du port de Monaco est ensuite comblé et dans les années 1960 sont construits le Grimaldi Forum & le Larvotto. En 1965, sur une initiative du Prince Rainier III, et afin de diversifier les activités de la ville, la construction du quartier de Fontvieille permet l'édification de 220 000 m² de nouveaux terrains constructibles ainsi que la création d'un nouveau port. Ce quartier accueille maintenant le stade Louis II & un centre commercial.

 

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Le stade Louis II

 Une extension du port de Monaco est réalisée et en 2003, la construction d'un digue semi-flottante de 352 m de long, pour un poids total de 163 000 tonnes, permet la construction de 360 places de parking, 25 000 m² de stockage, 2 gares maritimes & des locaux administratifs & commerciaux.

 

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Le port de Monaco

 Par le terre-plein artificiel auquel la digue est reliée, l'hectare de terrain ainsi gagné permet l'édification d'un parc immobilier de 15 000 m².

 

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Projet d'aménagement entre l'anse du Portier & le Grimadi Forum

 En 2006, Albert II de Monaco lance un nouveau projet d'extension en mer afin de gagner 10 nouveaux hectares.

 

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Autre projet d'aménagement

 

à la demande d'Henri II



16/08/2017